« Santé : l’inquiétante explosion des dérives sectaires »
Le Parisien
Le Parisien indique en effet que « le président de la Mission contre les dérives sectaires, Serge Blisko, sonne l’alarme : les charlatans prospèrent sur le dos des malades vulnérables ».
Le journal publie un entretien avec le médecin, président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui « constate l’inquiétante montée en puissance des dérives sectaires dans le domaine de la santé ».
Serge Blisko déclare notamment que « sur les 2.500 à 3.000 signalements qui nous sont faits chaque année, 40% concernent désormais le domaine de la santé, une proportion qui a doublé en 3 ans. C’est d’autant plus préoccupant que par essence, nous n’avons qu’une vision partielle du phénomène, beaucoup de victimes se sentant trop honteuses pour en parler ».
« Cela va de la charlatanerie, qui surfe sur l’engouement pour les médecines naturelles, aux véritables gourous, avec emprise mentale, financière et parfois sexuelle 
», continue le responsable.
Serge Blisko relève que « dans les cas les moins graves, le préjudice est uniquement financier et les produits inoffensifs, comme cette infusion aux vertus miracles, en fait du simple thé vert à 150 € la boîte… Mais on trouve aussi des substances dangereuses, ou qui rentrent en conflit avec un traitement classique ».
Le médecin ajoute que les victimes sont « souvent, mais pas exclusivement, des personnes malades. 60% des personnes atteintes d’un cancer font appel à des méthodes complémentaires : il peut s’agir de traitements d’appoint comme l’acupuncture, mais aussi de choses délirantes, comme l’ingestion d’huile essentielle de lin ou même d’urine… ».
Serge Blisko souligne qu’« il y a danger lorsque ces méthodes remplacent les traitements éprouvés. Il existe ainsi tout un courant qui prétend guérir le cancer par la psychologie et exclut tout recours à la médecine conventionnelle. L’un de ses tenants, Claude Sabbah, vient d’être condamné à 2 ans de prison et 30.000 € d’amende après la mort d’un adepte ».
Le responsable remarque ainsi qu’« il y a aujourd’hui en France entre 10 et 15 millions de personnes qui souffrent d’une affection de longue durée et qui doivent prendre un traitement, parfois à vie. Cela nourrit une angoisse permanente qui, ajoutée à la froideur technicienne de la médecine conventionnelle et à l’effondrement du maillage des médecins de famille, fait d’eux des proies potentielles. C’est particulièrement vrai avec le cancer, une pathologie très déstabilisante ».
Serge Blisko appelle à « une vigilance de tous, car les victimes appartiennent à toutes les classes sociales, leur seul point commun étant d’être vulnérables à un moment de leur vie. On a par exemple vu surgir, après les attentats, des thérapeutes sans diplôme se proposant - moyennent finances - d’aider les familles… ».
 
 
Date de publication : 10 Fév. 2016

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