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Mère-fille : un cordon difficile à couper

 

Se détacher, grandir, aimer hors du giron maternel, sans culpabilité ni agressivité, c’est ce que l’on appelle familièrement « couper le cordon ». Une opération délicate, progressive, qui exige de la volonté et un vrai désir de s’émanciper.


Une mère qui menace de déshériter sa fille (« Elle n’en veut qu’à mon argent »), une fille qui veut placer sa mère sous tutelle (« Je ne veux que la protéger »), et des échanges par médias et avocats interposés qui ont tenu en haleine la France entière. Ce qui est certain dans « l’affaire Bettencourt », c’est que la relation mère-fille, exposée au grand jour, a autant fasciné les Français que les multiples rebondissements politico-économiques qu’elle a suscités. « Ni avec toi, ni sans toi » pourrait être la devise de ce duo qui ne parvient ni à rompre ni à se réconcilier. Nul doute que cette relation filiale aussi compliquée que passionnelle a résonné de manière singulière chez plus d’une mère et plus d’une fille…

Laure-Anne, 34 ans, considère sa mère comme sa meilleure amie. Fille unique et mère de deux enfants de 3 et 6 ans, elle récuse vigoureusement les critiques de son mari, qui la trouve dépendante de sa mère. « Nous nous appelons tous les jours, nous faisons des courses ensemble, nous déjeunons une fois par semaine ensemble. En résumé, nous nous voyons autant que deux amies. Elle n’interfère pas dans ma vie intime, mais elle est très attentive à mon bonheur et à mon bien-être », précise la jeune femme. Avant de reconnaître que ce souci a conduit plusieurs fois sa mère à mettre en doute son choix de vivre à plus d’une heure de son lieu de travail. Ce qui a généré quelques discussions houleuses entre Laure-Anne et son conjoint.

Une complicité qui peut faire illusion

 

Où finit la complicité, où commence la fusion ? Il n’est pas toujours facile de faire la distinction. « Surtout depuis les années 1970, avec l’apparition de la mère-copine, constate la psychanalyste et psychologue Malvine Zalcberg. Ces comportements de grande complicité, qui réduisent la distance entre l’une et l’autre, peuvent faire écran et dissimuler des cordons mal coupés ou des relations fusionnelles. » Coups de téléphone quotidiens, demandes régulières de conseils, récits détaillés de sa vie de couple ou de sa vie de famille, telles sont quelques-unes des manifestations modernes des relations étroites entre mères et filles. Mais il en existe d’autres, encore plus trompeuses, qui s’expriment dans les conflits récurrents, les longs silences ou les apparentes prises de distance. « La dépendance n’est pas forcément affichée ou matérialisée, détaille Isabel Korolitski, psychanalyste. On peut aussi avoir incorporé sa mère, au point de ne plus avoir besoin d’être en lien réel avec elle. »

Ce fut le cas pour Véronique, 42 ans, qui a découvert à l’issue d’une psychothérapie qu’elle continuait à laisser sa mère gouverner sa vie privée, « alors qu’elle habite en Bretagne et moi à Toulouse depuis plus de vingt ans et que l’on se voit deux fois par an. Mais cette distance ne m’empêchait pas de voir les hommes que je rencontrais avec ses yeux et ses critères à elle. Il m’aura fallu un divorce, une séparation et trois ans de travail sur moi pour commencer à laisser émerger mon désir personnel ».

 

source:Flavia Mazelin-Salvi

psychologiecom


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