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A quoi sert une thérapie familiale ?

 

La souffrance de l’un masque souvent un dysfonctionnement du groupe dans son ensemble. D’où la nécessité de repérer non-dits, fausses croyances, peur du changement…

 

article de Laurence Lemoine

Sarah avait 5 ans lorsque je l’ai amenée chez une psychologue, raconte Cécile. Elle se mettait souvent en danger : à l’école par exemple, elle se jetait du haut du toboggan. J’en suis encore stupéfaite aujourd’hui : de nous tous, ma fille était sans doute celle qui allait le mieux. Quand notre parcours thérapeutique nous a conduits à entamer une thérapie familiale, j’ai compris que ce n’était pas moi qui avait demandé de l’aide pour elle, mais elle qui avait demandé de l’aide pour nous. »

Echec scolaire, troubles de l’alimentation, vols, tentatives de suicide, repli sur soi, etc. : les difficultés de l’enfant signalent une souffrance. Cette souffrance pourrait bien être celle du groupe familial dans son ensemble. Telle est l’hypothèse des thérapies familiales. Dans cette perspective, le symptôme de l’enfant n’est plus interprété comme le seul signe de difficultés individuelles, mais plutôt comme le révélateur de relations dysfonctionnelles impliquant parents, grands-parents, fratrie. Dans quels cas peut-on avoir recours à la thérapie familiale ? Comment se déroulent les séances ? Quels bénéfices en espérer ? Robert Neuburger et Brigitte Dollé-Monglond, psychanalystes et thérapeutes familiaux, nous éclairent.


Thérapie familiale ou individuelle ?

 

• Une souffrance collective
Martine, 40 ans, était divorcée depuis trois ans lorsqu’elle a renoué avec son ex-mari. « Nous étions heureux de revivre ensemble, mais les problèmes relationnels qui nous avaient séparés n’étaient pas réglés, explique-t-elle, et notre recomposition familiale perturbait manifestement nos enfants. Les résultats scolaires de l’aînée chutaient, le petit faisait des cauchemars. Nous avions tous besoin d’un soutien pour repartir sur de bonnes bases. Dès lors, le recours à la thérapie familiale s’imposait. »

Dans la plupart des cas, les choses ne sont pas aussi évidentes. Il est rare que tous les membres d’une même famille expriment le besoin d’être aidés. Lorsqu’ils se réunissent dans le cabinet d’un thérapeute familial, c’est en général parce que l’un d’eux – un enfant, adolescent ou jeune adulte – a été perçu comme « celui qui a des problèmes ». Bien souvent, il a déjà un long parcours thérapeutique derrière lui. « Mon fils était déjà passé par une thérapie individuelle et un centre de sevrage alcoolique quand nous avons été orientés vers la thérapie familiale, confie Nicole, 48 ans. J’avais besoin qu’on m’aide à le sortir de là. »

• Le patient “désigné”
Pour poser une indication de thérapie familiale ou de thérapie individuelle, Robert Neuburger examine le symptôme. Qu’il puise ses racines dans une problématique familiale importe moins que la manière dont la demande d’aide s’exprime. « Ce n’est pas la même chose d’“avoir” un symptôme et d’“être” confondu avec lui dans le discours familial, analyse le thérapeute. Dans le premier cas, celui qui porte le symptôme en souffre et demande de l’aide pour lui-même. Dans le second, l’un des membres de la famille a un symptôme, un autre en souffre, un troisième allègue ce symptôme pour demander de l’aide.

Cette dispersion des éléments de la demande, plus que le symptôme lui-même, conduit à une prise en charge collective. » Par exemple, pour un même symptôme d’anorexie mentale, une jeune fille pourra exprimer le désir d’être suivie individuellement afin de sortir de sa propre souffrance (elle est « sujet » de la demande) ; tandis qu’une autre, assurant qu’elle va bien, sera conduite en consultation par son entourage. Elle est « objet » de la demande ou « patient désigné », disent les thérapeutes familiaux. « C’est celui qui arrive au mauvais moment, résume Robert Neuburger. Ses propres difficultés peuvent être anciennes, mais sont pointées quand cela “arrange” tout le monde, car elles deviennent porte-parole de la souffrance du groupe. »

 

source: psychologiecom

 

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