Un salon qui tombe à pic. Quatre jours après l’adoption de la loi autorisant le mariage gay, son premier salon " 100% homosexuel" ne pouvait pas tomber mieux. Véritable pied de nez aux Sages, le G-day s’est tenu 8 rue de Valois à Paris, juste en face du Conseil constitutionnel qui doit rendre son avis sur le projet en mai prochain. Sécurité maximale, donc "pour éviter une action des anti, après un contexte vraiment électrique". Une fois le barrage des vigiles passé, les futurs couples gays découvrent 700m2 qui leur sont exclusivement dédiés. Dans une ambiance feutrée, lumière tamisée et coupe de champagne à l’arrivée, 30 exposants dévoilent leurs offres. Wedding planners, photographes, bijoutiers, tailleurs, mobiliers pour cérémonies. Le choix est large pour les futurs couples gays et le business semble juteux pour ses organisateurs.
"Je vous prends homos"
"Je prenais des photos d’un couple hétéro lors d’un mariage et j’ai vu un homme pleurer parce qu’il pensait que jamais il ne pourrait se marier avec son compagnon. Je lui ai promis que cela
arriverait bientôt. Il m’a dit : "je vous prends aux mots". Le soir même je créais ma boîte pour organiser des mariages gays de A à Z". Je vous prends homos.com est né. 99 euros par
convives, et Bernard Ghnassia, le patron de cette agence évènementielle s’occupe de tout. Photographes, traiteurs, locaux. "Cela fait vingt ans que j’organise des mariages et j’ai commencé à
me spécialiser dans les mariages gays il y a trois ans en Belgique", précise cet entrepreneur "dégouté" par le mouvement anti-mariage gay de ces dernières semaines.
Tous les exposants sont sûrs d’une chose, la loi ouvre de belles perspectives commerciales. La plupart de ces patrons parlent d’une augmentation de 20% des organisations de cérémonie. Claire
Jollain, l’organisatrice de G-day, nuance. "Il y aura sans doute un nombre important de mariages gays en 2014, mais cela se stabilisera avec le temps, comme pour le mariage hétéro". L’espoir
que suscite cette loi enthousiasme ce marché. "Cette année, j’ai 60 contrats. 2013 est une année spéciale car beaucoup de couples ne veulent pas se marier par superstition, mais je prévois
140 contrats pour 2014", précise Bernard Ghnassia. Même chose pour Marie Bouvet, directrice de communication de Upiix, le premier réseau social dédié au mariage. Un "Facebook personnalisé
pour les invités" qui propose de partager l’organisation, les photos et films de la cérémonie. "On ne peut faire aucune statistique sur l’orientation sexuelle, mais c’est vrai qu’après
études, on table sur 10 000 contrats en 2014 avec 10 à 20% de clients gays".
Un salon à durée déterminée pour l’égalité
Mais à quoi peut bien ressembler un mariage gay ? Thierry et Jérôme prévoient de se marier dans quelques mois. Il se baladent dans les allés pour "s’inspirer", mais ils savent ce qu’ils
ne voudront pas le jour J. "Lorsque nous sommes passés devant les tailleurs, notre certitude s’est renforcée : nous ne serons pas en costard. Nous voulons quelque chose de tropical,
festif et de surtout pas tradi". Les exposants sont unanimes, les mariages seront moins conventionnels. Certains rituels des cérémonies classiques passeront même à la trappe. "Il va falloir
réinventer ou abandonner des rites presque séculaires. Le bouquet de la mariée, la première danse de la mariée avec son père. Nos clients et nous mêmes devront être créatifs", prévoit Claire
Jollain.