Lu pour vous dans la presse...

AFP - mardi 19 mai 2009, 06h37
Sectes: le rapport de la mission interministérielle pointe les psychothérapies non conventionnelles
Le cabinet d'un psychothérapeute

 

Face à la demande croissante d'accompagnement psychologique, les pratiques et méthodes psychotérapeutiques se multiplient et certaines sont dévoyées à des fins sectaires, souligne le rapport annuel de la Miviludes publié mardi.

Pour y remédier, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) recommande de mieux recenser ces pratiques et de protéger la profession de psychotérapeute.

La Miviludes s'était déjà penchée l'an dernier sur les thérapies fantaisistes. Elle consacre cette année un dossier au domaine de la santé et particulièrement au "dévoiement des pratiques psychothérapeutiques à des fins sectaires". Face à la demande croissante d'accompagnement psychologique, elle constate l'extrême variété des pratiques et des méthodes (entre 200 et 400) et aussi le grand nombre de psychothérapeutes autoproclamés.

Sur 15.000 praticiens psychothérapeutes, 15 à 20% sont médecins, 25 à 30% psychologues, 15 à 20% psychanalystes, tous formés sur les bancs de la faculté, et 25 à 30% se déclarent psychothérapeutes, en se réclamant de disciplines diverses après des formations variées.

La Miviludes indique avoir reçu des "témoignages inquiétants" concernant la "médecine nouvelle germanique", inspirée par le Dr Ryke Geerd Hamer, assurant que toutes les maladies, et en particulier les cancers, naissent de conflits psychologiques non résolus qu'il convient de décrypter pour guérir.

Elle souligne également les risques des thérapies liées à la "mémoire retrouvée" jugées intrusives et déstructurantes, les souvenirs retrouvés portant "systématiquement sur des maltraitances ou agressions sexuelles commises sur le client au cours de son enfance, dans un cadre intra-familial". Ces pratiques aboutissent le plus souvent à couper le patient de son environnement et à le mettre en état de sujétion par rapport à son thérapeute.

Le ministère de la Santé a mis en place un "groupe d'appui technique" en février "sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique". Il s'intéresse ainsi aux praticiens en acupuncture et mésothérapie (traitement par injections localisées) qui n'ont pas reçu de formation suffisante.

La Miviludes formule plusieurs "recommandations", notamment de dresser l'inventaire "précis et régulièrement actualisé" des offres à risque, et de "protéger le titre de psychothérapeute". Le président de la Miviludes Georges Fenech demande la publication "rapide" du décret d'application de "l'amendement" Accoyer voté en août 2004, qui prévoit la création d'un registre national de la profession. Pour y figurer les professionnels devraient justifier de leurs formation et de leurs diplômes.

La Miviludes propose aussi de renforcer les sanctions à l'encontre des thérapeutes recourant à des méthodes non conventionnelles à visée thérapeutique, d'améliorer la défense des victimes et la réinsertion des anciens adeptes de sectes.

Retour à l'accueil