La fraude scientifique s'intensifie dans les revues
05 sept. 2011
Les
Echos
Alain Perez s’interroge dans Les Echos : « Les informations données par les grandes revues scientifiques sont-elles fiables ? ». Le journaliste note en effet qu’« une
enquête publiée cet été par le « Wall Street Journal » montre que le nombre d'articles publiés puis retirés du circuit après examen plus attentif des résultats est en hausse constante
».
Alain Perez explique que « ce bilan alarmant est basé sur les chiffres de l'éditeur canadien Thomson Reuters, spécialiste de la littérature scientifique. Cette institution a
compilé le nombre de rétractations de publications ordonnées par les journaux entre 2000 et 2010, correspondant à des articles contenant des informations fausses ou des résultats «arrangés»
».
« Dans le domaine de la médecine, ce chiffre a explosé, passant de 87 cas repérés entre 2001 et 2005 à 436 pendant la période 2006-2010. Ce quintuplement se retrouve en biologie, chimie,
pharmacologie, neurosciences et immunologie. Toutes les disciplines sont concernées, mais les sciences du vivant et les essais cliniques semblent particulièrement touchés », précise le
journaliste.
Alain Perez ajoute qu’« il s'écoule plusieurs mois, et parfois plusieurs années, entre la publication initiale et la décision de retrait de l'article frauduleux. Un délai particulièrement
dangereux pour des médicaments dont l'efficacité a été majorée ou la toxicité passée sous silence par les auteurs de la publication ».
Le journaliste relève ainsi que « sur un
total de 742 papiers retirés au cours des dernières années en biologie et en médecine, près de 72% étaient entachés d'erreurs peut-être involontaires, et environ 26% relevaient de fraudes
caractérisées. Tous les journaux sont concernés par ces dérives, y compris les vedettes à forte notoriété ».
« Ces revues sont, en principe, protégées par des comités de lecture. Elles ont été visiblement prises en défaut par des fraudeurs «très habiles et utilisant des techniques de masquage difficile
à détecter» », observe Alain Perez.
Le journaliste note que « ce phénomène a pris une telle ampleur qu'un blog spécialisé (Retraction Watch) a
vu le jour, et plusieurs pays dont la Grande-Bretagne et l'Allemagne paraissent décidés à renforcer les sanctions contre ces mauvaises conduites ».
MS