Sida : faut-il dépister tout le monde ? 

 
Libération, Le Figaro, Le Parisien, La Croix, Le Monde, Les Echos, L’Humanité 


Catherine Ducruet remarque dans Les Echos que « le dépistage du VIH revient sur le devant de la scène. Il s'agit d'un des thèmes majeurs de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Et, en France, il vient de faire l'objet de plusieurs études épidémiologiques, qui remettent en question les choix stratégiques du plan Sida 2010-2014 ».
La journaliste rappelle qu’« on estime de 40.000 à 50.000 le nombre de personnes qui sont infectées sans le savoir. […] Pour tenter de remédier à cette situation, le plan Sida 2010-2014 préconise deux approches simultanées : mise en place d'un dépistage généralisé, […] et renforcement du dépistage ciblé en direction des populations à risques ».

Catherine Ducruet indique qu’« une étude publiée en octobre dans la revue Archives of Internal Medecine est venue rouvrir le débat. Elle conclut que le dépistage de la population générale n'est pas pertinent d'un point de vue de santé publique ».
« Elle s'appuie sur une opération de dépistage systématique réalisé pendant 6 semaines entre 2009 et 2010, au sein de 29 services d'urgence de région parisienne. Parmi les personnes venues consulter, plus de 12.000 d'entre elles, âgées de 18 à 64 ans, ont été testées. Résultat : seuls 18 nouveaux cas d'infection par le VIH ont pu être détectés, dont 17 appartenant à des groupes à risque », 
observe la journaliste.

Anne-Claude Crémieux, professeur de maladies infectieuses à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, qui a coordonné l'étude, indique que « l'hypothèse d'une épidémie silencieuse dans la population hétérosexuelle, qui justifierait un dépistage généralisé, peut donc être écartée ». De son côté, Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Tenon à Paris, déclare que « la fréquentation des urgences d'Ile-de-France n'est pas représentative de la population française. Les 40.000 à 50.000 séropositifs qui s'ignorent sont sans doute ailleurs. Si le dépistage était réalisé en médecine de ville, les résultats seraient sans doute différents ».
Catherine Ducruet remarque que « les médecins généralistes jouent effectivement un rôle important. Selon la dernière étude de l'Institut national de veille sanitaire, si la majorité des nouveaux cas continue à être identifiée à l'hôpital, les généralistes en détectent un tiers ».
La journaliste aborde le coût d’un dépistage généralisé, qui « mérite tout de même d'être souligné », mais note que « pour Gilles Pialoux, il ne faut pas considérer le dépistage systématique sous le seul angle du VIH, car une telle opération permet aussi de détecter d'autres infections sexuellement transmissibles. En outre, chaque personne diagnostiquée et efficacement traitée protège aussi ses partenaires ».
Libération remarque pour sa part que « les Français [sont] très concernés par la lutte contre le sida », selon un sondage CSA-Aides, tandis que L’Humanité note que des associations de malades « préconisent la mise en place d’une taxe sur les transactions financières au profit de la lutte contre les pandémies ».
Le Parisien consacre une page à ces séropositifs qui « ont dompté le sida sans l’aide la médecine ». Le journal rappelle en effet que « près de 500 personnes en France sont séropositives depuis longtemps, mais n’ont pas développé la maladie. Un mystère auquel s’intéressent les chercheurs ».
Le Figaro interroge Nathalie Beltzer, chargée d'études à l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France, qui « constate que les jeunes de 18 à 30 ans sont les moins bien informés sur le sida ».
Le Monde publie un reportage à l’hôpital de Gonesse (Val d'Oise) où l’on « lutte contre le dépistage tardif du VIH », et La Croix un reportage en Indonésie, où « la prévention du sida passe par le football », grâce à une équipe qui accueille des séropositifs. Le journal note que 57% des jeunes Indonésiens « n’ont jamais entendu parler de la maladie », et relève que dans ce pays, « la stigmatisation des porteurs du virus est très fréquente » et 
« l’accès aux soins reste très difficile ».

1er décembre : Journée mondiale de lutte contre le sida
Comme chaque année, le 1er décembre est consacré à la lutte contre le sida. L’épidémie perd du terrain mais les efforts doivent se poursuivre pour atteindre l’objectif « zéro nouvelle infection » fixé par l'ONUSIDA. Plusieurs événements recensés par le CRIPS se déroulent en France aujourd’hui.

Une nouvelle journée consacrée à la lutte contre le sida est toujours utile. Selon l’ONUSIDA, le taux annuel de nouvelles infections a chuté de 21% entre 1997 et 2010. Une nouvelle très encourageante qui incite à poursuivre une prévention et une information actives. 
L’organisme a d’ailleurs fixé 10 objectifs très ambitieux pour 2015 parmi lesquels : réduire de moitié la transmission par voie sexuelle, éliminer la transmission verticale et réduire de moitié la mortalité maternelle liée au sida, empêcher toute nouvelle infection chez les toxicomanes ou encore assurer l’accès universel aux thérapies antirétrovirales. 
Dans ce sens, le thème de cette nouvelle journée mondiale est Objectif zéro : zéro nouvelle infection au VIH – zéro discrimination – zéro décès dû au sida. C’est une nouvelle fois l’occasion de sensibiliser et d'informer le public sur le VIH/sida, ses risques et ses réalités. L’OMS rappelle à ce titre que la campagne mondiale de lutte contre le sida, axée sur « zéro décès lié au sida », est à la fois une initiative pour un meilleur accès de tous au traitement et un appel lancé aux pouvoirs publics, notamment aux gouvernements africains, afin d’atteindre au moins les objectifs de dépenses nationales en faveur de la santé et contre le VIH. 
Quand aux CRIPS (Centres régionaux d'information et de prévention du sida), ils ont recensé comme chaque année tous les événements proposés en région. Plus de 450 actions sont accessibles en ligne.

Marie Lestelle (Paris)
MS

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