"Ma grande tante a fait une diète hydrique et donne l’impression d’avoir rajeuni de 20 ans ! Qu’en pensez-vous, monsieur le diététicien ?"
Vous avez tous dans votre entourage, ou déjà entendu à la télévision, quelqu’un prônant les bienfaits du jeûne. Cette pratique existe depuis des siècles. Elle est encore très présente dans certaines régions du globe, comme la Russie, et fait un retour en force en France ces dernières années.
Elle se fonde sur le principe suivant : l’alimentation quotidienne « encrasse » notre système digestif et notre organisme. Il convient donc de le nettoyer régulièrement, le purifier, le « laver » de tous les excès. Pour cela, vous allez jeûner et ne consommer que de l’eau pendant un à plusieurs jours.
Effectivement, notre alimentation est de moins en moins bonne qualité. On ingurgite chaque année des kilos d’additifs, conservateurs et autres substances pouvant perturber fortement notre santé.
De nombreuses études, effectuées sur des animaux, prouvent que la rémission de certaines maladies, comme des cancers, a été obtenue grâce à des jeûnes momentanés.
Ces jeûnes auraient même parfois permis d’allonger la durée de vie des cobayes. Qu’en est-il chez l’homme ? Beaucoup moins d’études existent à ce sujet.
Le but du jeûne est de mettre ses intestins au repos, afin qu’ils puissent évacuer toutes les toxines qu’ils ont accumulées pendant des semaines.
J’ai de nombreuses fois rencontré des patients adeptes de cette pratique. Certains ont l'habitude de faire un jeûne de 24 à 48 h dès qu’ils se sentent fatigués ou qu’ils ont fait des excès.
J’ai bien profité du foie gras, du champagne, des bûches et des chocolats pendant une semaine, je peux bien me priver de manger pendant deux jours pour remettre tout en ordre ! »
Déjà, il est clair qu’une diète d’un ou deux jours est insuffisante pour mettre au repos complet le tube digestif. Selon la composition du dernier repas, il peut falloir jusqu’à trois jours pour vider complètement les intestins de tout aliment !
De plus, le tube digestif ne contient pas seulement des résidus alimentaires. Un nombre important de sécrétions y est déversé afin d’accomplir une multitude de fonctions. Par exemple, une substance est constamment produite afin de protéger les parois de l’acidité des sucs gastriques.
Ces mêmes sucs gastriques sont quant à eux déversés dans l’estomac, suite à des stimulations visuelles, ou olfactives. Il faudrait donc pendant cette période de jeûne se couper de toute vision ou odeur pouvant entraîner ce type de sécrétion. Et encore, cela ne serait sûrement pas suffisant pour vous éviter toute pensée allant vers votre plat préféré…
Quant à la motivation de la perte de poids, là encore, cela prête à discussion. Avec une diète de moins de trois jours, il y aura bien une perte de poids mais elle sera plutôt faible. Si le jeûne dure une à deux semaines, comme certains le préconisent, vous allez effectivement pouvoir perdre plusieurs kilos.
Mais ce genre de pratique n’est pas sans conséquences.
Une période d’une semaine ou plus sans aucun apport alimentaire entraîne un stress important pour l’organisme. Celui-ci se retrouve dans une situation de survie. Le cerveau est un organe glucodépendant : il consomme quasi exclusivement des glucides pour son fonctionnement. Après 24 h de jeûne, il devient difficile de satisfaire ses besoins.
Un mécanisme de compensation, au nom de barbare de "néoglucogénèse", va donc se mettre en route. Mais celui-ci ne permet pas un aussi bon « rendement ». Conséquences : perte de lucidité, des vertiges, ou des pertes de mémoire. Ces symptômes vont être amplifiés si vous pratiquez, en plus, un effort physique, ou si vous êtes sujets à des hypoglycémies ou suivez un traitement médicamenteux.
Mais ce n’est pas tout : un autre point, rarement mentionné, paraît en totale contradiction avec l’objectif de ces jeûnes. Lors de toute perte de poids rapide et importante, vous allez puiser une partie de l’énergie dans votre tissu adipeux, votre réserve de « graisse ». Celle-ci se situe la plupart du temps pour les femmes à hauteur des cuisses et des fesses, et pour les hommes dans le ventre.
Une bonne chose, pourrait-on penser. Seulement, le tissu adipeux, lors de son stockage, a capturé avec lui de nombreuses toxines et molécules provenant de votre alimentation : métaux lourds, pesticides, etc... Lors de l’utilisation massive de ses graisses, toutes ces molécules vont être déversées massivement dans votre organisme.
Etant déjà affaibli par le jeûne prolongé, votre organisme va devoir en plus s’occuper de leur élimination créant une surcharge de travail pour certains organes (foie, reins).
Le terme « purifier » n’est donc vraiment pas le plus approprié...
Si toutefois vous restez convaincus que cela pourrait vous faire le plus grand bien, prenez d’abord quelques précautions. La priorité, c'est d'être suivi par un personnel de santé, formé et compétent. Bon nombre de stages sont proposés par des « gourous », qui, dans la grande majorité des cas, ne possèdent aucune qualification ou formation.
Ce qui ne les empêche pas de se présenter comme « expert » ou « coach ». Je ne doute pas de leur talent :facturer parfois jusqu’à 1 000 euros une semaine à boire du bouillon de légumes et se promener dans les bois prouve une certaine prouesse !
Surtout si vous êtes atteint d’une maladie grave, que vous suivez un traitement médicamenteux quotidien ou êtes sujets à des hypoglycémies, évitez ce type d’expérience même de courte durée, et demandez conseil à votre médecin.
Vous trouverez à ce sujet des « pro » et des « anti » jeûne parfois aussi extrémistes les uns que les autres. Que cela soit clair, je me trouve à la croisée de ces chemins. J'essaie de tenir compte à la fois des témoignages positifs de certains adeptes, et des inconvénients et problèmes pouvant être apportés par une telle pratique mal encadrée.
Le jeûne est bien souvent accompagné d’un travail sur l’esprit important et d’un recentrage sur ces émotions, sur les messages, bien souvent négligés, que notre corps nous envoie. Il peut donc permettre de mieux connaître son corps et d’apprendre à l’écouter un peu plus.
Dernière chose, si vous êtes tenté par le jeûne en vue d'une perte de poids comme la plupart des patients que je rencontre, vous faites fausse route. Le jeûne ponctuel ne vous permettra pas de rééquilibrer votre alimentation. Il ne vous permettra pas de changer vos habitudes, seule clé de la réussite pour une perte de poids durable.
Et puis, toute perte de poids rapide entraîne une perte importante de masse musculaire que vous aurez beaucoup de mal à récupérer…contrairement à la masse graisseuse !
Thomas Ladrat
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