La communication non verbale en action dans l’hypnose éricksonienne
12 mai 2011
La pratique de l’Hypnose existe officiellement depuis 1841 lorsque le chirurgien écossais James BRAID édicte le principe de cet autre état de conscience (EMC, état modifié de conscience).
En 1891 le professeur Hyppolite BERNSTEIN invente le terme « psychothérapie » qui définit une technique de langage créant un autre état de conscience afin de faire passer des phrases simples en direct au cerveau. Cet état modifié de conscience permet aux suggestions hypnotiques d’activer un mécanisme inconscient de solution ou dérivatif de souffrances.
Avec le professeur Milton H ERICKSON, l’hypnose devient « éricksonienne ».
Lors de sa jeunesse il observe avec assiduité ses sœurs et se rend compte qu’il existe des signes extérieurs au langage verbal. Elles pouvaient dire « oui » et les mouvements du corps trahissaient un « non » silencieux. C’est le début de la calibration, cette observation fine du corps ainsi que la fameuse communication non verbale par l’expression corporelle.
L’Hypnose Ericksonienne considère l’individu comme unique, et de cela découle une approche sur mesure pour chaque patient. Cela exclue d’office les théories sur les manières de penser et la standardisation de la méthode thérapeutique. L’inconscient individuel est la partie la plus sollicitée car il est un vaste réservoir de solutions compatibles avec le patient. Ce même inconscient s’exprime en communication non verbale permettant de contourner le système classique de communication cognitif. Le travail est effectué en état modifié de conscience. Cet état apparaît uniquement après un long travail de rationalisation verbale et non verbale des signes vitaux du patient par le praticien.
Puis dans les années 1950 émerge un nouveau courant issu de l’Ecole dite de « Palo Alto »
amenant la « Nouvelle Hypnose ». Ce sont des techniques supplémentaires de suggestions où de nouveaux concepts qui sont élaborés dans le sens où le langage utilisé devient encore plus permissif dans ses expressions. Il n’est pas dit : « vous rentrez dans tel endroit qui est comme ceci et vous voyez cela de telle couleur ». Par ailleurs, la notion de « thérapie dite brève » devient synonyme d’Ericksonien.
Parallèlement à cela une synthèse globale de tout ce qui existe dans le domaine se crée à travers la programmation neuro linguitique (PNL) avec Messieurs BANDLER et GRINDER ; théorisant le modèle et le geste parfait à connaître pour le reproduire. Amenant à identifier les maux dans les mots ou le « mal à dit » dans la maladie, afin de décrocher le cercle vertueux dans lequel le mal être s’installe, s’ancre et s’auto alimente. Cela ne représente que 70% de la technique de départ.
L’EMDR se fait connaître dans les années 80(ou le mouvement des yeux, désensibilisation et retraitement), mais est également issu des techniques Ericksoniennes. Vos yeux communiquent en non verbal lorsque vous parlez.
Tout ce cheminement de techniques évoquées permettant un travail réel et efficient sur l’inconscient, ressource immense et non exploitée de façon consciente car censurée par l’égo ; cette notion de ce que vous êtes tout de suite et maintenant.
Cela pré-suppose qu’en fonction de votre environnement vous générez un comportement adéquat, qui entraine des capacités, qui aboutissent à des croyances ou des valeurs, forgeant votre identité du moment ; pour générer finalement une philosophie. L’inconscient c’est cela, pour faire simple en application immédiate.
Malheureusement si la solution n’existe pas ici, où existe-t-elle ?
Dans les année 90, Olivier LOCKERT (Hypnothérapeute et Enseignant en Hypnose Ericksonienne) inverse le modèle éricksonien et crée l’ Hypnose Humaniste où finalement ce travail se fait en état extra ordinaire de conscience (EEC), donc plus de conscience…Cela s’apparente aux travaux dits transpersonnels, et la solution est dans l’échange et l’évolution du patient.
Le non verbal commence où ?
Lors du premier contact téléphonique les termes utilisés dans votre mode d’explication orale induisent en langage subliminal votre mode d’enregistrement des informations et votre mode de restitution. Si vous parlez en utilisant des mots relatifs à « voir », vous êtes plutôt visuel ; des mots sur le son et les bruits vous êtes auditif ; des mots plutôt odeurs vous êtes olfactif ; des mots orientés zone buccale vous êtes gustatif ; ou un bon mélange de toutes les sensations vous êtes kinesthésique. La réponse qui ne peut que vous convenir doit être verbalisée dans le même mode d’expression que celui de l’émission. Votre position dans la conversation amène également à savoir si vous êtes introverti ou extraverti, le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ?
Au premier contact physique, le débit de votre voix, votre respiration, les mouvements oculaires lors du dialogue, la posture droite ou gauche, les tics physiques, les tics de langage…tous ces gestes et mots anodins du quotidien transpirent votre « vous » profond. Pour certains cela passe par un dialogue intérieur avant chaque réponse, une forme d’auto censure que vos yeux expriment à votre insu. Idem dans les problématiques de pathologies. Le praticien doit vous observer en profondeur pour se caler sur vous en langage, respiration, posture et autre afin de créer un état réel d’empathie. Il arrive que certains de vos mots résonnent comme des leitmotive. Cela permettant de savoir dans quel sens tendre l’exercice thérapeutique.
Puis passe un état d’échange « miroir » où vous êtes en état de sentir que le praticien comprend. Attention l’empathie est un mécanisme subtil de compréhension sans projection de soi dans l’autre, ni d’intellectualisation de la pathologie de l’autre. Donc cela n’est pas la sympathie dans laquelle la personne plaint sincèrement de tout son cœur les douleurs de l’autre en s’y projetant.
Pour établir cela le praticien est en position basse ; il ne sait rien. Donc zéro projection de sa vie chez le patient, et seul le patient utilise ses maux à travers ses mots, ou l’inverse. Puis vient le moment où le patient entre progressivement dans un état d’acceptation de ce que le praticien fait ou lui dit ; en lui parlant il lui fait faire des gestes courts et simples que le patient refait machinalement. Vous vous grattez le nez, clignez de l’œil. Puis les mots utilisés deviennent des sujétions saupoudrées dans la conversation. Votre inconscient est devenu ultra communicant car sur les sujétions simples, il valide directement. Il crée un signal visuel du type « morse ». C’est le « signaling ». Votre cerveau est donc près pour la deuxième phase de l’exercice en langage non spécifique.
Le non spécifique est l’art de la périphrase si cher à Molière dans « les précieuses ridicules ». « Amenez moi donc les commodités de la conversation ? Une chaise bien sûr. »
A ce stade de l’exercice, le patient est en état modifié de conscience, le thérapeute peut par l’utilisation d’adjectifs qualificatifs relatifs à la légèreté suggérer une lévitation de la main (la main qui se lève automatiquement). Cela se fait sans indiquer laquelle, sans dire « la main se lève » c’est une métaphore. Seul l’inconscient connaît l’exercice. Lors d’un exercice dit de la Méthode de Rossi, la main droite se lèvera pour certaines problématiques, la gauche pour proposer des solutions, elles se rejoindront peut être ; ou lors de la métaphore chacune communique sur la ou les solutions. Le patient communique en non verbal et à l’insu de lui-même, permettant au thérapeute de savoir où en est le travail de solution. De même qu’à chaque question posée par le thérapeute, l’inconscient répond.
Lors de soins, le langage utilisé doit être le plus neutre, le plus léger, le plus positif possible. Surtout ne jamais dire « je vais vous faire mal » ou « cela ne fait pas mal ». Pourquoi ?
Le cerveau reptilien ne comprend pas la négation, et reçoit l’information comme un enfant de six ans. La subtilité non verbale est de détourner l’attention sur une autre zone qui n’est pas sollicitée. Exemple dans le cas d’une piqûre sur le bras droit, amenez l’attention sur l’autre bras. Pour soulager les douleurs, essayez de les répartir sur un souvenir agréable chez le sujet. Toutes ces techniques permettent efficacement d’agir sans donner directement l’ordre.
Chez les handicapés et les personnes âgées, les exercices d’imaginations du genre dissociation (être ici physiquement et mentalement ailleurs) permettent d’amener le cerveau à se débrancher des centres de douleurs.
Le non verbal est présent.
Il n’est pas dit « vous n’avez plus mal ou moins mal ». Seule la construction d’une histoire, d’un conte amène une rêverie guidée vers la porte de l’inconscient le temps nécessaire de prodiguer des soins. Dans ces exercices la respiration est le moteur de la mise en place du bien être. L’imagination guidée par le thérapeute à travers le langage des cinq sens crée le reste.
Le fond reste de lire entre les lignes pour communiquer avec l’inconscient.
Donner un choix illusoire entre deux choses similaires qui invalide le négatif ; « vous avez le choix entre vous lever pour aller au café ou vous lever pour regarder par la fenêtre ». Le choix de rester couché est évacué. Vous vous levez.
Parler autrement ; la personne qui dit « je ne peux plus marcher »…devra être amenée à dire « je suis assis et je peux voir, entendre, goûter, parler… ». Ce sont des recadrages qui désamorcent le mal être.
En conclusion, je citerai Monsieur Milton Erickson :
“Toute votre vie vous avez appris...et vous pouvez faire le tri dans vos souvenirs, vos espoirs,
vos anticipations et vos désirs, et organiser différemment vos apprentissages de façon à ce que cette nouvelle organisation serve votre évolution et votre bien-être”
Auteur :
Dimitri BULAN Hypnothérapeute Praticien.
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